CONTINUITE OU CHANGEMENT D'UN

PAYSAGE URBAIN ? CAFFA GENOISE et OTTOMANE

Si la ville médiévale est en Occident héritière de longues traditions et le paysage urbain le fruit d'une lente création continue, il n'en est peut-être pas exactement de même aux frontières orientales de la chrétienté, battues par les vagues d'envahisseurs venus de la steppe. Dans ces régions de contact, un même site urbain a généralement été placé sous plusieurs dominations successives, qui correspondent à des cultures, des religions, des mentalités fondamentalement différentes. Chaque renversement politique a pu s'accompagner de violences, de destructions, d'une disparition totale ou d'une transplantation partielle des habitants ; aussi toute nouvelle prise de possession du sol implique une transformation du peuplement et, par voie de conséquence, une mutation importante du paysage urbain. S'agit-il alors d'une nouvelle création, ou y a-t-il reprise d'éléments antérieurs, réutilisés par les nouveaux maîtres, comme par exemple des églises transformées en mosquées, au prix de quelques modifications architecturales ?

Ce problème général de la continuité ou de la mutation des paysages urbains dans des régions frontières soumises à des dominations successives ne peut guère être étudié qu'à partir d'exemples précis. L'un d'entre eux nous a paru significatif, car il concerne une place qui, depuis l'Antiquité, n'a cessé d'être le poumon des steppes eurasiatiques, s'ouvrant vers les régions méditerranéennes. Théodosia, colonie grecque sur la frange littorale criméenne ! , Caffa, le plus grand comptoir génois des régions pontiques 2 , Kefe, capitale de la province ou IiviT de ce nom et l'une des principales villes de l'empire ottoman 3, avant de reprendre à la fin du XVIIIe siècle, sous le nom russe de Feodosja, son appellation antique, méritait une étude particulière, car au

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