Thérapeutique
Anticholinergiques et syndrome d’hyperactivité vésicaleAnticholinergic drugs in overactive bladder

https://doi.org/10.1016/j.gyobfe.2007.07.041Get rights and content

Résumé

Le syndrome d’hyperactivité vésicale (HAV) associe urgenturie, pollakiurie, nocturie, plus ou moins liées à une incontinence urinaire par urgence mictionnelle (IUM). Sa fréquence varie entre 16 à 45 %, dans la population générale, l’estimation de sujets atteints aux États-Unis étant de 34 millions. La symptomatologie est essentiellement marquée par le besoin brusque, irrépressible d’uriner, impossible à reporter, mais également par une fréquence mictionnelle élevée diurne et nocturne. Ce syndrome d’HAV est d’autant plus fréquent que l’âge des patients augmente. Il touche indifféremment les hommes et les femmes. Le syndrome d’HAV induit un impact négatif reconnu sur la qualité de vie et peut conduire à la dépression, aux troubles sexuels, aux troubles du sommeil et à un absentéisme professionnel. Le traitement médicamenteux de l’HAV fait l’objet d’une recherche active depuis l’apparition de l’oxybutinine. Toltérodine, solifénacine, darifénacine, chlorure de trospium complètent l’arsenal thérapeutique. De nouvelles formulations (libérations immédiate et prolongée), de nouveaux modes d’administration (intravésicale, transdermique, vaginale, rectale), de nouveaux principes actifs (toxine botulique, capsaïcine, résiniferatoxine) sont actuellement testées. Les options thérapeutiques se multiplient, visant à réduire au maximum la symptomatologie, ainsi que les effets secondaires induits.

Abstract

The overactive bladder syndrome (OAB) associates urgency, frequency, nycturia, more or less associated with urinary incontinence. Its frequency is between 16 to 45 %, in the general population; the number of affected people in the USA being estimated at 34 million. Symptomatology is primarily marked by the abrupt, irrepressible need to urinate, impossible to defer, but also by a diurnal and night high mictional frequency. This OAB is more frequent when patients age increases, and affects indifferently men and women. The OAB induces a known negative impact on the quality of life and can lead to depression, sexual disorders, sleep disorders and a professional absenteism. The OAB medical treatment is actively concerned by the research since the discovery of oxybutinine. Tolterodin, solifenacin, darifenacin, trospium chloride supplement the therapeutic arsenal. New formulations (immediate and extended releases), new administration mediums (intravesical, transdermic, vaginal, rectal), new active ingredients (botulinic toxin, capsaicine, resiniferatoxine) are currently tested. The therapeutic options multiply, aiming at reducing to the maximum symptomatology, as well as the induced side effects.

Introduction

Le syndrome d’hyperactivité de vessie (HAV) se définit par l’association urgenturie, pollakiurie et nycturie, associées ou non à une incontinence par urgence mictionnelle (IUM). Ces symptômes doivent être isolés de toute manifestation organique (pathologie infectieuse, neurologique ou métabolique) afin que le diagnostic d’HAV idiopathique soit retenu [1].

L’urgenturie représente le symptôme essentiel de l’HAV. Il s’agit d’un besoin brutal, irrépressible, impossible à reporter, parfois associé à une fuite d’urine ; l’on parle alors d’incontinence par urgence mictionnelle (IUM). En fait, la moitié des patientes présentant un syndrome d’HAV est continente ; pour ces sujets l’urgenturie est un réel problème qui retentit sur la qualité de vie. La pollakiurie diurne est quant à elle définie par l’augmentation de la fréquence mictionnelle dans la journée (≥ 8), la nocturie étant définie par le simple fait de se lever une fois la nuit pour uriner [2]. Ces deux derniers symptômes affectent également la qualité de vie des patients [3]. L’ensemble des symptômes liés à l’hyperactivité de vessie résulte d’une augmentation de la contractilité vésicale dont la médiation cholinergique a pour effet de stimuler les récepteurs muscariniques.

Le syndrome d’HAV répond à deux types de traitement : le traitement rééducatif (rééducation vésicale et électrostimulation) et le traitement médical (antimuscariniques). L’efficacité des anticholinergiques, en comparaison au traitement comportemental ou aux autres médicaments non anticholinergiques, a récemment été démontrée [4], [5]. Toutefois, le traitement anticholinergique expose à des effets secondaires : bouche sèche, troubles digestifs (constipation), cognitifs (somnolence) et ophtalmologiques (glaucome à angle fermé, troubles de l’accommodation). Ces effets limitent leur utilisation à long terme. Malgré tout, les anticholinergiques sont prescrits en première ou deuxième intention devant un syndrome d’HAV, les six classes de médicaments retenues étant : oxybutinine, propivérine, trospium, solifénacine, darifénacine, et toltérodine. La première molécule de cette classe, l’oxybutynine, est commercialisée depuis plus de 25 ans. Les principaux axes de recherche dans cette classe pharmacologique ont eu pour but de limiter les effets secondaires induits par ces molécules pour en améliorer la compliance, donc l’efficacité. Certaines études rapportent ainsi plus d’un tiers de ruptures thérapeutiques dues au traitement [6]. Dès lors ont été développés de nouveaux anticholinergiques, de nouveaux modes d’administration et de nouveaux dosages. La validation des différents traitements de l’HAV est difficile étant donné le rôle important de l’effet placebo et la difficulté d’utilisation des outils d’évaluation du syndrome d’HAV. Les outils les plus efficaces sont le calendrier mictionnel, répertoriant le nombre de mictions et/ou de fuites quotidiennes, les questionnaires symptomatiques et de qualité de vie et le listing des effets secondaires.

Le traitement du syndrome d’HAV est un défi thérapeutique. C’est la raison pour laquelle nous reviendrons dans cet article sur les différentes molécules utilisées et leur place dans l’arsenal thérapeutique.

Section snippets

Étiopathogénie de l’hyperactivité de vessie

La physiopathologie de l’HAV est connue depuis les travaux de Hashim [7]. Deux théories se complètent ; l’une est d’origine musculaire, la seconde d’origine neurologique. Qu’elle soit centrale ou périphérique, il existe une dénervation partielle de la vessie aboutissant à une augmentation de son excitabilité. Le but du traitement médical est de bloquer le système parasympathique vésical, d’abolir ou de réduire l’intensité des contractions de vessie.

La contraction vésicale est régulée par

Oxybutynine (Ditropan®, Driptane®, Lyrinel®)

Il s’agit d’une amine tertiaire disposant d’une action mixte, associant un effet spasmolytique sur le muscle lisse et antimuscarinique. Ce dernier effet cible principalement les sous-types M1 et M3, avec une plus grande sélectivité pour les récepteurs M3. En administration orale, la biodisponibilité de l’oxybutinine est de 10 %, son temps de demi-vie étant de deux à trois heures. Cette faible biodisponibilité est due à un important effet de premier passage hépatique, qui, par ailleurs, est à

Conduite thérapeutique

Suivant l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes), dans ses recommandations pour la pratique clinique (RPC) de mai 2003 concernant la « prise en charge de l’incontinence urinaire de la femme en médecine générale » [46], le traitement médical de l’incontinence par impériosités peut être proposé en première intention ou après échec d’un traitement comportemental (adaptation des apports liquidiens, reprogrammation mictionnelle, tenue d’un calendrier mictionnel) et/ou

Conclusion

La première molécule employée dans le traitement médicamenteux de l’hyperactivité de vessie l’est depuis plus de 25 ans et peu de progrès thérapeutiques révolutionnaires sont à noter depuis. Parallèlement, cette pathologie, pour le moins fréquente et invalidante, n’a vu sa définition clairement précisée qu’en 2002.

Depuis l’oxybutynine, les traitements n’ont cessé d’évoluer : nouvelles formulations, nouveaux anticholinergiques, nouveaux principes actifs, nouvelles voies d’administrations ;

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      Overactive bladder syndrome (OAB) is a symptomatic condition characterised by urgency, with or without urgency incontinence that is usually more frequent during the daytime (Abrams et al., 2002). OAB is currently pharmacologically treated with muscarinic antagonists, which are drugs with a challenging profile and marginal efficacy (Muhlstein and Deval, 2008). Thus, this suboptimal management calls for the development of superior therapeutics via the discovery of novel receptor targets that differently address the parasympathetic pathway.

    • Sexuality, pre-conception counseling and urological management of pregnancy for young women with spina bifida

      2012, European Journal of Obstetrics and Gynecology and Reproductive Biology
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      Follow-up management should be regular; periodic urine culture and urinalyses, annual serum creatinine, kidneys/bladder ultrasound and urodynamics are currently the best tools available [41]. Patients with SB and overactive bladder usually make use of oxybutynin hydrochloride, an anticholinergic/anti-spasmodic agent which has been assigned to FDA pregnancy category B. Animal reproductive studies have failed to reveal evidence of impaired fertility or fetotoxicity, but there are no controlled data in human pregnancy, therefore oxybutynin is only recommended for use during pregnancy when benefit outweighs risk [42,43]. Clean intermittent catheterization (CIC) was introduced for neurogenic bladders in 1972 and is carried out with self-lubricating catheters.

    • Overactive bladder - pharmacological treatment

      2019, Revista da Associacao Medica Brasileira
    • Bexiga hiperativa: Tratamento farmacológico

      2017, Revista da Associacao Medica Brasileira
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