ThérapeutiqueAnticholinergiques et syndrome d’hyperactivité vésicaleAnticholinergic drugs in overactive bladder
Introduction
Le syndrome d’hyperactivité de vessie (HAV) se définit par l’association urgenturie, pollakiurie et nycturie, associées ou non à une incontinence par urgence mictionnelle (IUM). Ces symptômes doivent être isolés de toute manifestation organique (pathologie infectieuse, neurologique ou métabolique) afin que le diagnostic d’HAV idiopathique soit retenu [1].
L’urgenturie représente le symptôme essentiel de l’HAV. Il s’agit d’un besoin brutal, irrépressible, impossible à reporter, parfois associé à une fuite d’urine ; l’on parle alors d’incontinence par urgence mictionnelle (IUM). En fait, la moitié des patientes présentant un syndrome d’HAV est continente ; pour ces sujets l’urgenturie est un réel problème qui retentit sur la qualité de vie. La pollakiurie diurne est quant à elle définie par l’augmentation de la fréquence mictionnelle dans la journée (≥ 8), la nocturie étant définie par le simple fait de se lever une fois la nuit pour uriner [2]. Ces deux derniers symptômes affectent également la qualité de vie des patients [3]. L’ensemble des symptômes liés à l’hyperactivité de vessie résulte d’une augmentation de la contractilité vésicale dont la médiation cholinergique a pour effet de stimuler les récepteurs muscariniques.
Le syndrome d’HAV répond à deux types de traitement : le traitement rééducatif (rééducation vésicale et électrostimulation) et le traitement médical (antimuscariniques). L’efficacité des anticholinergiques, en comparaison au traitement comportemental ou aux autres médicaments non anticholinergiques, a récemment été démontrée [4], [5]. Toutefois, le traitement anticholinergique expose à des effets secondaires : bouche sèche, troubles digestifs (constipation), cognitifs (somnolence) et ophtalmologiques (glaucome à angle fermé, troubles de l’accommodation). Ces effets limitent leur utilisation à long terme. Malgré tout, les anticholinergiques sont prescrits en première ou deuxième intention devant un syndrome d’HAV, les six classes de médicaments retenues étant : oxybutinine, propivérine, trospium, solifénacine, darifénacine, et toltérodine. La première molécule de cette classe, l’oxybutynine, est commercialisée depuis plus de 25 ans. Les principaux axes de recherche dans cette classe pharmacologique ont eu pour but de limiter les effets secondaires induits par ces molécules pour en améliorer la compliance, donc l’efficacité. Certaines études rapportent ainsi plus d’un tiers de ruptures thérapeutiques dues au traitement [6]. Dès lors ont été développés de nouveaux anticholinergiques, de nouveaux modes d’administration et de nouveaux dosages. La validation des différents traitements de l’HAV est difficile étant donné le rôle important de l’effet placebo et la difficulté d’utilisation des outils d’évaluation du syndrome d’HAV. Les outils les plus efficaces sont le calendrier mictionnel, répertoriant le nombre de mictions et/ou de fuites quotidiennes, les questionnaires symptomatiques et de qualité de vie et le listing des effets secondaires.
Le traitement du syndrome d’HAV est un défi thérapeutique. C’est la raison pour laquelle nous reviendrons dans cet article sur les différentes molécules utilisées et leur place dans l’arsenal thérapeutique.
Section snippets
Étiopathogénie de l’hyperactivité de vessie
La physiopathologie de l’HAV est connue depuis les travaux de Hashim [7]. Deux théories se complètent ; l’une est d’origine musculaire, la seconde d’origine neurologique. Qu’elle soit centrale ou périphérique, il existe une dénervation partielle de la vessie aboutissant à une augmentation de son excitabilité. Le but du traitement médical est de bloquer le système parasympathique vésical, d’abolir ou de réduire l’intensité des contractions de vessie.
La contraction vésicale est régulée par
Oxybutynine (Ditropan®, Driptane®, Lyrinel®)
Il s’agit d’une amine tertiaire disposant d’une action mixte, associant un effet spasmolytique sur le muscle lisse et antimuscarinique. Ce dernier effet cible principalement les sous-types M1 et M3, avec une plus grande sélectivité pour les récepteurs M3. En administration orale, la biodisponibilité de l’oxybutinine est de 10 %, son temps de demi-vie étant de deux à trois heures. Cette faible biodisponibilité est due à un important effet de premier passage hépatique, qui, par ailleurs, est à
Conduite thérapeutique
Suivant l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes), dans ses recommandations pour la pratique clinique (RPC) de mai 2003 concernant la « prise en charge de l’incontinence urinaire de la femme en médecine générale » [46], le traitement médical de l’incontinence par impériosités peut être proposé en première intention ou après échec d’un traitement comportemental (adaptation des apports liquidiens, reprogrammation mictionnelle, tenue d’un calendrier mictionnel) et/ou
Conclusion
La première molécule employée dans le traitement médicamenteux de l’hyperactivité de vessie l’est depuis plus de 25 ans et peu de progrès thérapeutiques révolutionnaires sont à noter depuis. Parallèlement, cette pathologie, pour le moins fréquente et invalidante, n’a vu sa définition clairement précisée qu’en 2002.
Depuis l’oxybutynine, les traitements n’ont cessé d’évoluer : nouvelles formulations, nouveaux anticholinergiques, nouveaux principes actifs, nouvelles voies d’administrations ;
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Sexuality, pre-conception counseling and urological management of pregnancy for young women with spina bifida
2012, European Journal of Obstetrics and Gynecology and Reproductive BiologyCitation Excerpt :Follow-up management should be regular; periodic urine culture and urinalyses, annual serum creatinine, kidneys/bladder ultrasound and urodynamics are currently the best tools available [41]. Patients with SB and overactive bladder usually make use of oxybutynin hydrochloride, an anticholinergic/anti-spasmodic agent which has been assigned to FDA pregnancy category B. Animal reproductive studies have failed to reveal evidence of impaired fertility or fetotoxicity, but there are no controlled data in human pregnancy, therefore oxybutynin is only recommended for use during pregnancy when benefit outweighs risk [42,43]. Clean intermittent catheterization (CIC) was introduced for neurogenic bladders in 1972 and is carried out with self-lubricating catheters.
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