PALEORIENT, vol. 19/1 - 1993

PROTO-ELEVAGE ET ELEVAGE AU LEVANT SUD AU VIIe MILLÉNAIRE B.C. LES DONNÉES DE LA DAMASCENE

P. DUCOS

La domestication des animaux, et d'une manière plus large la relation économique des groupes humains avec le monde animal comme source de nourriture, qu'il s'agisse d'espèces sauvages ou domestiques, est un trait majeur des cultures préhistoriques largement pris en considération, avec la domestication des plantes et l'occupation de l'espace, dès lors qu'il s'agit de décrire le déroulement, sur plusieurs millénaires, du processus de néolithi- sation. Dans un récent ouvrage collectif précisément sur ce processus, il est frappant de voir reléguées au second plan les technologies lithiques, ou d'autres traits culturels marqueurs chronologiques, lorsque l'aire géographique prise en considération offre une documentation substantielle de nature bio-archéologique pour reprendre le mot créé par Tchernov (1). A tel point que pour la zone dont il sera question ici, le Levant, l'exploitation du monde animal et végétal en vient à occuper le devant de la scène

dans le tableau de la néolithisation que propose Cauvin (2).

Nous nous proposons, dans ce qui suit, de mettre en évidence pour le Levant sud, certains aspects particuliers qu'y présente la relation Homme/animal au sens large, particularités qui peuvent être le fait aussi bien des données de la zoogéographie que des stratégies d'exploitation du monde animal mises en œuvre par les groupes humains. Et s'il sera dans ce qui suit question de biogéographie ou d'ostéométrie, la relation elle-même centrera bien notre point de vue et non tel ou tel trait de la morphologie des animaux qui, en fait, ne sont que les conséquences de cette relation. Cette position de principe, dont nous avons exposé les raisons il y a déjà longtemps (3), nous permet de transposer sans difficultés au monde animal ce que Cauvin dit à propos des plantes : « Ce que cherche plutôt l'archéologue, c'est le fait palethnologique de l'intervention humaine,

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