Elsevier

Neurochirurgie

Volume 55, Supplement 1, March 2009, Pages S150-S160
Neurochirurgie

Table ronde
Jonction neuromusculaire et nerf périphérique : du normal au pathologique…
Étude rétrospective du résultat à long terme des neurotomies sélectives périphériques dans le traitement du membre supérieur spastiqueRetrospective study of the long-term results of selective peripheral neurotomy for the treatment of spastic upper limb

https://doi.org/10.1016/j.neuchi.2008.04.003Get rights and content

Abstract

Background/Objective

Peripheral selective neurotomy is commonly used to treat the equinus spastic foot (tibial nerve), but is less frequently used in treating upper limb spasticity, because of the complexity of the articular deformities and the complex innervations of the different muscles. We present our experience and the long-term results of this surgery based on a retrospective series of 22 patients with a disabling spasticity of the upper limb.

Methods

Between 2003 and 2006, neurotomies were performed in 22 patients with disabling spasticity of the upper limb despite optimal medical treatment. Patients were evaluated before and after the surgical procedure. Twelve clinical parameters were studied for describing deformity (resting position and amplitude of each joint), spasticity (Ashworth and Tardieu scores), and the functional impacts of the spasticity.

Results

At long-term follow-up, all parameters were improved from the surgery, both in terms of spastic symptoms (highly significantly decreased in Ashworth and Tardieu scores) and the deformity of the upper limb (e.g., 60° increase in the extension of the elbow). Pain, active amplitude, and functional impact scores were also statistically significantly improved after surgery. The mean satisfaction index was 7/10 (± 1.6).

Conclusions

Selective neurotomy is an effective treatment for patients with a disabling and excessive spasticity in the upper limb. It provides a long-term, objective improvement based on analytical and functional parameters. We emphasize the importance of accurate clinical evaluation and surgical planning. Finally, excessive time to treatment seems to be an important factor for recurrence or incomplete efficiency of the procedure.

Résumé

Objectif

Les neurotomies sélectives périphériques très utilisées dans le traitement du pied équin spastique (neurotomie des branches du nerf tibial) le sont moins dans le traitement du membre supérieur spastique du fait de la complexité des déformations et de l’innervation des différents muscles en cause. Nous présentons ici notre expérience et les résultats à long terme de cette chirurgie à propos d’une série rétrospective de 22 patients présentant une spasticité invalidante du membre supérieur.

Patients et méthodes

Entre 2003 et 2006, des neurotomies ont été réalisées chez 22 patients présentant une spasticité invalidante du membre supérieur malgré un traitement médical maximum. Les patients ont été évalués avant et à distance du geste chirurgical. Douze paramètres cliniques étaient étudiés permettant de décrire la déformation (position de repos et amplitude de chaque articulation), le symptôme spastique (scores d’Ashworth et de Tardieu) et les répercussions fonctionnelles de la spasticité.

Résultats

Tous les paramètres étaient améliorés à distance de la chirurgie, tant sur le plan du symptôme spastique (diminution très significative des scores d’Ashworth et de Tardieu), qu’au niveau de la déformation du membre supérieur (par exemple, augmentation de 60° de l’extension du coude). Les scores de douleur, d’amplitude active et de répercussion fonctionnelle étaient également statistiquement améliorés en postopératoire. L’indice de satisfaction moyen était coté à 7/10 (± 1,6).

Conclusion

La neurotomie sélective est donc un traitement efficace dans la prise en charge du patient présentant une spasticité excessive et invalidante du membre supérieur et dont le résultat quantifiable sur le plan analytique et fonctionnel est stable à long terme. Nous soulignons l’importance de l’évaluation clinique précise et de la planification du geste chirurgical. Enfin, le délai trop tardif de prise en charge semble être un facteur important de risque de récidive ou d’efficacité incomplète de la procédure.

Introduction

Les neurotomies sélectives périphériques très utilisées dans le traitement du pied équin spastique (neurotomie des branches du nerf tibial), le sont moins dans le traitement du membre supérieur spastique du fait de la complexité des déformations et de l’innervation des différents muscles en cause. Peu de séries sont rapportées dans la littérature concernant le membre supérieur. Stoffel (1912) fut le premier en 1912 à décrire une technique de neurotomie appliquée au membre supérieur, après Lorenz (1887) qui proposait la neurectomie du nerf obturateur dans le traitement de la hanche spastique en adduction. Avec le développement de la stimulation électrique peropératoire, Gros (1972) dans les années 1970 a remis au devant de la scène ces techniques considérées alors par beaucoup comme « mauvaises » car neuroablatives. Cahuzac et al. (1980) ; Garland et al. (1981) ; Purohit et al. (1998) et plus récemment l’équipe du professeur Sindou (Maarrawi et al., 2006) rapportent des séries de neurotomies du nerf musculocutané dans le traitement du coude spastique en flexion. Nous discuterons plus loin l’évolution de cette technique dans les différentes études. Brunelli et Brunelli (1983) et Maarrawi et al. (2006) ont présenté leurs techniques et leurs résultats après neurotomies des branches des nerfs médian et ulnaire dans le traitement de la spasticité de l’extrémité distale du membre supérieur (avant-bras, poignet et doigts). Nous présentons ici notre expérience et les résultats à long terme de cette chirurgie à propos d’une série rétrospective de 22 patients présentant une spasticité invalidante du membre supérieur.

Section snippets

Population

Entre 2003 et 2006, des neurotomies ont été réalisées chez 22 patients présentant une spasticité invalidante du membre supérieur malgré un traitement médical maximum (thérapeutiques antispastiques et programme de rééducation) dans le service de neurochirurgie du CHU de Poitiers. Tous les patients ont été évalués en consultation pluridisciplinaire regroupant un neurochirurgien, un médecin rééducateur et un chirurgien orthopédiste. Le délai moyen entre l’accident à l’origine de la spasticité et

Résultats

Le recul moyen était de 21 mois [14–60]. Aucune mortalité ni complication à long terme n’ont été constatées. On retrouvait 9 % de complications précoces à type de défaut de cicatrisation, qui sont rentrés dans l’ordre sans reprise chirurgicale (soins locaux exclusivement). Les patients ont été repartis dans trois groupes pour l’analyse statistique des résultats :

  • groupe A : patients présentant une spasticité du coude en flexion associée à une spasticité des doigts et du pouce en flexion :

    • huit

Discussion

La neurotomie sélective est donc un traitement efficace dans la prise en charge du patient présentant une spasticité excessive et invalidante du membre supérieur et dont le résultat quantifiable sur le plan analytique et fonctionnel est stable à long terme.

Conclusion

L’indication d’une neurotomie n’est posée que lorsque le patient se trouve dans une impasse thérapeutique après programme de rééducation et traitement médicamenteux bien suivi. La chirurgie doit arriver en dernière position dans l’arsenal thérapeutique disponible. Peu importent les moyens, seul le résultat compte dans la prise en charge du handicap. Le plus important dans ce type de prise en charge n’est pas la qualité des résultats analytiques obtenus, mais bien l’amélioration fonctionnelle du

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      2022, Hand Surgery and Rehabilitation
      Citation Excerpt :

      Before undertaking this procedure, it is important to accurately identify the muscles involved and confirm that their nerve pedicle can be isolated. Denervation does not resolve contractures and there is a risk of recurrence after partial denervation because of compensatory mechanisms (neighboring reinnervation, hypertrophy of the remaining muscle fibers) [8–11]. Tendon lengthening can correct contractures and reduce spasticity by releasing the muscle spindle and associated weakening of the muscle (shift of the tension/length curve).

    • Selective Neurectomy for the Spastic Upper Extremity

      2018, Hand Clinics
      Citation Excerpt :

      The conceptual basis of this technique is to decrease the spastic component of the deformity, while retaining some active control of the involved muscles. Satisfactory outcomes of this technique have been reported,4–14 but the results are difficult to interpret because of a lack of standardized use of postoperative outcomes instruments. Further, there is a general perception that recurrence is frequent.

    • Neurosurgical Approaches

      2018, Physical Medicine and Rehabilitation Clinics of North America
      Citation Excerpt :

      If the patient experiences the desired effects from these interventions with a tolerable level of adverse effect, then the definitive SPN procedure should be considered and performed on the location of the nerve block that gave the best results. Efficacy data of SPN have been mostly limited to case series, but these studies have shown promise in the procedure’s ability to enhance function and limit symptomatic focal spasticity.8–11 A randomized trial performed by Bollens and colleagues12 comparing SPN with botulinum toxin injection for equinovarus spastic foot showed a greater level of spasticity reduction with SPN, with equivalent function outcomes between the groups.

    • Spasticity and hyperselective neurectomy in the upper limb

      2017, Hand Surgery and Rehabilitation
      Citation Excerpt :

      A literature search on “spasticity” and “neurectomy”, “neurotomy”, “hyponeurotisation”, “hyponeurotization” found 123 studies. Ten of them met our inclusion criteria [46,49–57]: description of the technique, French or English language, and applied to the upper limb. Shoulder applications and total neurectomies were excluded.

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