Elsevier

Médecine Nucléaire

Volume 39, Issue 5, October 2015, Pages 430-434
Médecine Nucléaire

Mise au point
Vitamine D et pathologies infectieusesVitamin D and infectious diseases

https://doi.org/10.1016/j.mednuc.2015.07.002Get rights and content

Résumé

Le rôle important que joue la vitamine D dans la régulation des réponses immunes est de plus en plus reconnu. Schématiquement, elle active l’immunité innée et régule négativement l’immunité adaptative. Ses actions sur la réponse anti-infectieuse peuvent donc se situer à différents niveaux. Plusieurs études épidémiologiques ont relié le déficit en vitamine D à un risque accru d’acquisition d’infections aiguës comme la tuberculose ou les infections respiratoires hautes ou basses. Dans des infections chroniques, caractérisées par une activation immune persistante et, en particulier, au cours de l’infection par le VIH, le déficit en vitamine D est lié à une activité inflammatoire plus importante qui pourrait expliquer l’association avec une évolution clinique défavorable. Les essais d’intervention testant la supplémentation en vitamine D dans ce contexte ne sont pas encore très nombreux, mais ne sont pas toujours concluants : difficiles à construire, ils sont également difficiles à interpréter. Cet article propose quelques clés pour mieux comprendre cette thématique complexe.

Abstract

Vitamin D is increasingly recognized as an important immune regulator. Schematically, vitamin D is a stimulator of innate immunity and a negative regulator of adaptive immunity. Its effects on anti-infectious responses may therefore be varied. Several epidemiological studies have linked vitamin D deficiency with the susceptibility to different acute infections, such as tuberculosis and upper and lower respiratory tract infections. In chronic infectious diseases characterized by an ongoing immune activation, in particular in HIV infection, vitamin D deficiency has been linked to increased inflammation, which could explain its association with poorer clinical outcomes. Few intervention trials have tested the effects of vitamin D supplementation in infectious diseases and the results were not always convincing. This article proposes a few guidelines that may help interprete these complex data.

Introduction

De nombreuses études observationnelles ont rapporté une association épidémiologique entre le déficit en vitamine D et la susceptibilité aux infections aiguës ou l’évolution plus défavorable de certaines infections chroniques. Ces associations ont un sens car elles font référence au rôle de la vitamine D dans la régulation de l’immunité [1]. Toutefois, les études d’intervention contrôlées publiées dans ce domaine présentent des résultats contrastés.

Section snippets

Immunité innée

Les cellules épithéliales et les monocytes/macrophages expriment à la fois des récepteurs « Toll-like » (TLR) qui reconnaissent des ligands issus des agents infectieux, le cytochrome CYP27B1 qui réalise l’activation de la 25-hydroxyvitamine D [25(OH)D] par son hydroxylation en 1α, et le récepteur de la vitamine D (VDR) [2]. Ce système intracrine joue un rôle important dans la production de peptides anti-bactériens, comme la cathélicidine, bactéricide notamment sur le bacille tuberculeux, ou la

Vitamine D et infection aiguë

Du fait de son rôle important dans la capacité des cellules macrophagiques à s’activer en présence d’un agent pathogène, la vitamine D pourrait intervenir dans la réponse contre Mycobacterium tuberculosis. En termes épidémiologiques, une revue systématique de la littérature [13] recense 15 études comparatives, dont 11 indiquent que le taux de 25(OH)D est significativement plus bas chez les personnes ayant une tuberculose active que chez les témoins, mais une étude décrit une courbe « en U » où

Vitamine D et infections chroniques

Chez des patients porteurs du VIH non traités, le déficit en vitamine D a été associé à une évolution clinique défavorable et à l’élévation de certains marqueurs inflammatoires. Dans une étude menée en 1995–1997 en Tanzanie chez 884 femmes enceintes infectées par le VIH, non traitées, la 25(OH)D a été mesurée à l’inclusion et un suivi médian de 70 mois sans supplémentation vitaminique a été réalisé : 347 femmes avaient un taux de 25(OH)D < 32 ng/mL. Par rapport à un taux  32 ng/mL, un taux < 32 ng/mL

Conclusion et perspectives

En raison de ses différents points d’impact sur la régulation de l’immunité, il semble pertinent de distinguer le rôle que pourrait jouer la vitamine D (et une éventuelle supplémentation) dans les infections aiguës d’une part (où l’activation de l’immunité innée joue un rôle clé) et dans les infections chroniques d’autre part (où l’inflammation persistante est un élément physiopathologique important).

Dans les infections aiguës, des données épidémiologiques relient de façon convaincante le

Déclaration d’intérêt

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références (25)

  • L.H. Kuller et al.

    Inflammatory and coagulation biomarkers and mortality in patients with HIV infection

    PLoS Med

    (2008)
  • A.K. Coussens et al.

    Vitamin D accelerates resolution of inflammatory responses during tuberculosis

    Proc Natl Acad Sci U S A

    (2012)
  • Cited by (0)

    Présentation faite du 8e symposium bioclinique. Actualités en vitamine D – 16 et 17 octobre 2014, Paris.

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