Article originalApport de l’expression protéique de BRCA1 associated protein 1 (BAP1) dans le diagnostic des mésothéliomes malins diffus pleuraux : une analyse cytologique et histologique comparative sur une série de 50 patientsBRCA1 associated protein 1 (BAP1) expression in pleural diffuse malignant mesothelioma: A comparative cytological and histological analyses on 50 patients
Introduction
Le mésothéliome malin diffus (MMD) pleural est une pathologie tumorale rare qui se développe environ 30 ans après une période d’exposition à l’amiante. Trois sous-types histologiques principaux sont décrits : les mésothéliomes épithélioïdes (environ 80 %), biphasiques (environ 11 %) et sarcomatoïdes (environ 6 %) [1]. Le diagnostic repose sur un ensemble de critères associant des données cliniques, radiologiques, morphologiques, immuno-histochimiques et parfois moléculaires [2], [3], [4], [5].
La ponction évacuatrice de l’épanchement pleural, premier signe clinique du MMD, est réalisée à visée thérapeutique. Elle est complétée systématiquement par l’examen cytologique du liquide pleural, facilement réalisable et peu coûteux [4]. Le rôle diagnostique de la cytologie est encore controversé mais certains auteurs affirment que le diagnostic cytologique de MMD peut être affirmé devant un ensemble de critères morphologiques et immunocytochimiques [3], [6], [7], [8]. Les techniques immunocytochimiques utilisées comprennent les mêmes anticorps qu’en histologie. La limite du diagnostic cytologique est liée à la non-représentativité du prélèvement dans le cadre des liquides paucicellulaires, inflammatoires, ou hémorragiques [9].
Le diagnostic de MMD repose le plus souvent sur la biopsie réalisée par vidéothoracoscopie. Sur le plan histopathologique, le diagnostic différentiel principal du mésothéliome malin épithélioïde est la métastase pleurale d’un adénocarcinome, tumeur beaucoup plus fréquente. Dans le cas des mésothéliomes malins sarcomatoïdes, la difficulté diagnostique est d’affirmer la nature mésothéliale et le caractère malin de cette prolifération fusocellulaire. L’immuno-histochimie est essentielle au diagnostic. Le panel d’anticorps comprend au moins deux marqueurs positifs de mésothéliome (calrétinine, CK 5/6) et deux marqueurs négatifs de mésothéliome (Ber-EP4, MOC31) [2], [9], [10]. Des anticorps complémentaires peuvent être utilisés en fonction du contexte clinique, comme le TTF-1 et les récepteurs aux œstrogènes pour éliminer respectivement les métastases fréquentes d’adénocarcinomes pulmonaires et mammaires [10], [11].
Le gène BAP1 est un gène suppresseur de tumeur qui joue un rôle dans la progression du cycle cellulaire, la régulation de l’expression de certains gènes et intervient dans les mécanismes de réparation de l’ADN [12]. Des proliférations tumorales associées à BAP1 ont été décrites [13]. Les MMD pleuraux comportent des altérations génétiques de BAP1 dans environ 42 % des cas (entre 22 % et 61 % selon les auteurs) [14], [15], [16]. Ces altérations, des mutations somatiques ou germinales et des délétions, provoquent des inactivations bialléliques du gène et pourraient accélérer le développement des mésothéliomes induits par l’exposition à l’amiante [17]. De plus l’inactivation du gène BAP1 est corrélée à la perte d’expression immuno-histochimique de BAP1 dans les cellules tumorales [12], [14], [15]. Dans la littérature, devant une prolifération mésothéliale, la perte d’expression immuno-histochimique de BAP1 constitue un marqueur de malignité et a une spécificité proche de 100 % pour affirmer le diagnostic histologique de MMD épithélioïde par rapport à une hyperplasie mésothéliale bénigne [7], [12], [18], [19], [20], [21].
Les objectifs de notre travail sont d’étudier l’expression protéique de BAP1 dans les MMD pleuraux et les métastases pleurales d’adénocarcinome et de discuter l’intérêt d’intégrer cet anticorps dans le panel actuellement utilisé en routine pour le diagnostic des MMD.
Section snippets
Sélection des patients
Notre série comprenait, d’une part, une sélection de patients porteurs d’un MMD diagnostiqué entre 2011 et 2015, et d’autre part, une sélection de patients porteurs d’une métastase pleurale d’adénocarcinome diagnostiquée entre 2012 et 2015. Le critère d’inclusion était la disponibilité, pour un même patient, d’un prélèvement cytologique et d’un prélèvement biopsique représentatifs de la tumeur. Les données cliniques (sexe, âge) étaient collectées pour les deux groupes et les données de survie,
Caractéristiques des patients
Cinquante patients étaient inclus dans l’étude comprenant 26 cas de MMD et 24 cas de métastase pleurale d’adénocarcinome. Dans le groupe MMD, le sex-ratio était de 21 hommes pour cinq femmes et la moyenne d’âge de 72 ans (51 ans à 85 ans). Sur le plan cytologique, le diagnostic de malignité était suspecté devant des liquides richement cellulaires. Sur étalement, les cellules mésothéliales apparaissaient de grande taille, monomorphes, à cytoplasme basophile, à petit noyau rond central, isolées ou
Discussion
La première partie de notre étude a porté sur le problème du diagnostic différentiel entre le MMD malin épithélioïde et la métastase d’un adénocarcinome en comparant les prélèvements histologiques et les prélèvements cytologiques. L’examen cytologique d’un épanchement pleural est systématique dans la prise en charge d’une tumeur pleurale et les critères diagnostiques cytologiques du MMD épithélioïde ont été précisés dans la littérature [3], [6], [7], [8]. Enfin, la réalisation systématique de
Déclaration de liens d’intérêts
Marie Brevet déclare avoir des liens d’intérêts avec Astra Zeneca, Novartis, BMS et Roche.
Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Remerciements
Les auteurs remercient Dominique Bourchany, Arlette Loiseau et Thomas Verger pour leur aide technique ainsi que l’équipe technique du service d’anatomie et de cytologie pathologiques du centre hospitalier Lyon sud. Ce travail a été réalisé avec le soutien financier de la Ligue contre le cancer (MB) et du LYRIC (INCa-DGOS-4664) (MB).
Les échantillons biologiques humains ainsi que les données associées sont issus du centre de ressources biologiques Cardiobiotec (CRB-HCL) et de la base de données
Références (25)
- et al.
Mésothéliome : les dispositifs en place en France « le réseau mésothéliome » 1998–2013
Ann Pathol
(2014) Application of immunohistochemistry in the diagnosis of epithelioid mesothelioma: a review and update
Hum Pathol
(2013)- et al.
Loss of expression of BAP1 is a useful adjunct, which strongly supports the diagnosis of mesothelioma in effusion cytology
Mod Pathol
(2015) - et al.
BAP1 (BRCA1 associated protein 1) is a highly specific marker for differentiating mesothelioma from reactive mesothelial proliferations
Mod Pathol
(2015) - et al.
BAP1 facilitates diagnostic objectivity, classification, and prognostication in malignant pleural mesothelioma
Hum Pathol
(2015) - et al.
Germline BAP1 mutations predispose to renal cell carcinomas
Am J Hum Genet
(2013) - et al.
Loss of expression of BAP1 predicts longer survival in mesothelioma
Pathology
(2015) - et al.
Guidelines for pathologic diagnosis of malignant mesothelioma: 2012 update of the consensus statement from the International Mesothelioma Interest Group
Arch Pathol Lab Med
(2013) - et al.
Challenges and controversies in the diagnosis of mesothelioma: part 1. Cytology-only diagnosis, biopsies, immunohistochemistry, discrimination between mesothelioma and reactive mesothelial hyperplasia, and biomarkers
J Clin Pathol
(2013) - et al.
The separation of benign and malignant mesothelial proliferations
Arch Pathol Lab Med
(2012)